mercredi 19 octobre 2011

LES JOURNEES ROMAINES D'AUTUN

Me voici de retour, après un (trop) long silence. Tant de travail que je n'avais guère le temps de me mettre au clavier. Mais, rassures-toi, ô Honorable Visiteuse ou Visiteur, j'aurai bien des aventures à vous conter dans les semaines qui viennent.
Chronologiquement, après Marle, dont ce fut le dernier, et peut-être le plus beau des festivals, c'est en la bonne Ville d'Autun que se portent nos regards. Augustodunum était le nom latin de la deuxième ville des Gaules en importance après Lyon. Et c'est Augustodunum que les services de l'animation du patrimoine de la ville cherchent à faire revivre au travers des désormais traditionnelles Journées Romaines. Bon nombre de troupes et d'artisans étaient au rendez-vous cette année, installée dans un nouveau cadre, la Promenade des Marbres. lieu idéal pour ce genre de manifestations. Cela s'est passé les 15,16 et 17 juillet derniers.
Les militaires, par la Légion VIII Augusta, la Seconde Cohorte Prétorienne venue d'Italie encadraient l'Empereur et sa cour. La vie civile était illustrée par les activités de plusieurs artisans et spécialistes de l'antiquité, mais aussi par le "pôle civil de la Legion VIII. Les musées de la région Bourgogne, ainsi que l'INRAP complétaient ce tableau qui a attiré de très nombreux visiteurs.
En ce qui concerne votre potier préféré, c'est un beau défi qu'il avait à réaliser lors de cette édition: Construire un four de potier et réaliser une cuisson en public. L'affaire n'est pas mince, et c'est un gros travail en amont qui est nécessaire pour mener à terme un tel projet. La ville ne disposant pas pour le moment d'un parc archéologique, il s'agissait de créer une installation qui soit démontable après la manifestation et récupérable pour être à nouveau remontée lors des prochaines éditions.
Le principe de ce four était de reconstituer une installation découverte l'an dernier au Faubourg d'Arroux, et qui s'est révélée être très certainement un des fours de l'atelier de Pistillus, le plus connu des potiers romains d'Augustodunun, auteur notamment d'une série de statuettes vôtives en terre blanche. En l'occurrence, à partir de ce four, le projet était de réaliser une cuisson de céramiques sombres, production attestée dans de quartier de la ville antique. La plupart de ces ateliers de potiers gallo-romains pouvaient produire des céramiques très diverses, que ce soient des cruches ou des mortiers en pâte claire, comme des récipients culinaires pour la cuisson ou le stockage, cuits en atmosphère réductrice et donc sombres, mais aussi des céramiques fines, généralement des gobelets à revêtement métallescent.
La première étape, c'est bien évidemment la construction du four. Un camion de terre a été amené sur le lieu, une telle installation devant être enterrée afin d'assurer sa solidité et son isolation thermique. Les éléments du soubassement ont été préalablement moulés et cuits. Ici, on aperçoit la chambre de chauffe, étage inférieur du four, et les piliers qui soutiendront la sole, sorte de dalle perforée qui portera la charge à cuire.
Une fois cette sole assemblée et montée, les murs du laboratoire, constitués de briques réfractaires, sont élevés et revêtus d'un torchis qui assurera la cohésion de l'ensemble, et également son étanchéité.
Dès que l'ensemble est monté, l'extérieur est soigneusement remblayé, et l'installation est immédiatement mise en chauffe afin de la sécher, puis de cuire le torchis afin qu'il atteigne sa dureté optimale. Ces opérations de montage sont réalisées les jours précédant la manifestation afin de pouvoir réaliser la cuisson dès le vendredi.
L'ouverture des festivités est symboliquement marquée par l'accueil de l'Empereur et de sa suite. Les légionnaires de la VIII et les Prétoriens de la Seconde Cohorte ont sorti les grandes tenues!
A Rome, les Prétoriens, garde rapprochée de l'Empereur ne faisaient rigoler personne. Ce saisissant portrait d'un de leurs porte-enseignes montre bien que les traditions se conservent...
Et pendant ce temps, nous commençons à charger le four...
Un bon nombre de vases, marmites et jattes est empilé sur une hauteur d'environ 70 cm. puis recouvert de tessons afin de retenir la chaleur.
La cuisson durera une douzaine d'heures et se prolongera jusqu'à la nuit.

En fin de cuisson, la couche de cendres sera encore recouverte de cendres afin d'assurer l'étanchéité nécessaire à la réduction qui exige un environnement totalement exempt d'oxygène. La porte du foyer est également soigneusement scellée dans ce but.
Le lendemain matin, tout a tenu bon. Un nouveau four peut toujours réserver des surprises, un joint se désceller. Si l'air atmosphérique rentrait dans la chambre de cuisson, les céramiques redeviendraient claires par oxydation.
Et après, comme toujours, la longue attente, jusqu'au refroidissement complet qui prendra toute la journée.
Les occupations habituelles reprennent, notamment les démonstrations de tournage au tour à bâton:
Opération de tournage, photographiée par Yann Kervran, l'excellent photographe de la Légion VIII et des Ambiani. Vous pourrez trouver d'autres images de ces Journées Romaines d'Autun dans la rubrique "photographie" sous "Epopée gallo-romaine d'Autun" http://www.kervran.org/
Et dans le quartier des Arts du Feu, nos voisins étaient les "Artisans d'Histoire" qui présentaient leur atelier de perliers:

A voir absolument à la première occasion, ils sont magiques! Pour en savoir plus sur eux:  http://artisansdhistoire.free.fr/Artisans%20d%27Histoire.html
Autant dire que, d'un atelier à l'autre, nous n'avons guère eu de répit tant les visiteurs furent nombreux. Pas autant toutefois que lors du défournement ou cela a parfois presque tenu de l'émeute. Au moins 300 personnes, si ce n'est plus, se pressaient pour assister à l'ouverture du four!
Les premières céramiques apparaissent sous la couche de cendres. Cuisson parfaitement réussie!
Défournement, en présence d'Anne Pasquet, Animatrice du Patrimoine d'Autun, et M. Rémy Rebeyrotte, Maire d'Autun et Vice-président du Conseil Général de Saône-et-Loire chargé de la Culture.

Mais vient toujours le moment où la fête se termine, et il faut déjà repartir…
Mais nous reviendrons l'année prochaine, c'est certain!
D'autres images de Yann Kervran aux Journées Romaines d'Autun sur le très beau site de la Légion VIII Augusta: 
http://www.leg8.com/2011/autun_journees_romaines.php
Faites le détour, cela en vaut la peine!!!


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